Fortement polluante, l’industrie du design et du meuble s’adapte progressivement aux exigences écologiques, en mettant en œuvre diverses stratégies. Voici un aperçu des principales tendances, mesures adoptées et initiatives visant à réduire son impact environnemental.
Utilisation de matériaux écologiques et recyclés
Traditionnellement, l’industrie du meuble emploie des matériaux dont certains ont un impact fort négatif sur l’environnement. C’est le cas du cuir, dont les traitements chimiques polluent de fortes quantités d’eau. Ou, du bois, l’utilisation massive de certains bois comme le palissandre ayant conduit à la quasi-extinction de l’espèce. Ou encore, du plastique, dérivé du pétrole, et que la nature ne sait pas dégrader. Ou pire, des PFAS, polluants éternels dont font partie notamment des retardateurs de flamme utilisés pour ignifuger des canapés, fauteuils et autres meubles inflammables. Plus ou moins consciente des problèmes qu’elle cause, l’industrie du meuble se tourne vers des matériaux plus durables pour remplacer ses matériaux les moins écologiques. On observe depuis une dizaine d’années une tendance à l’augmentation de l’utilisation de matériaux recyclés, comme le plastique recyclé et les métaux récupérés, pour créer de nouveaux meubles. Ce qui ne fait certes que retarder le problème sans le régler définitivement : au bout d’un certain nombre de recyclages, le plastique ne sera plus qu’un déchet. D’autres matériaux peuvent à la fois se recycler plusieurs fois – jusqu’à une dizaine pour le carton -, puis se dégrader naturellement. Des initiatives émergent pour substituer le plastique par des matériaux plus respectueux de l’environnement. Ainsi, des produits naturels et renouvelables comme le rotin, le chanvre, le bambou et d’autres fibres naturelles gagnent en popularité. Une marque comme Noma Editions se spécialise dans la conception de meubles à forte proportion de matériaux recyclés. L’emploi de matériaux renouvelables, comme le bois issu de forêts gérées durablement, est encouragé pour diminuer l’impact environnemental. Des entreprises s’engagent dans des démarches d’éco-conception en évaluant les matières qui composent leurs produits et en réduisant l’utilisation de matières non renouvelables.
Économie circulaire et durabilité
L’industrie adopte des principes d’économie circulaire pour prolonger la durée de vie des produits. En effet, avant même de penser au recyclage, il faut éliminer la culture consumériste du produit rapidement jeté, produit pour rien, gaspillant énergie et matériaux. Dans cette optique, les fabricants conçoivent des meubles plus facilement réparables et recyclables. L’accent est mis sur la réutilisation, la réparation et le recyclage des meubles en fin de vie – et l’écoconception devient une norme. Ce genre d’initiatives est à l’honneur du salon Interzum de Cologne, qui rassemble les sous-traitants du meubles désireux de faire avancer la cause écologique. L’industrie suit en fait les évolutions législatives, notamment la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) qui fixe de nouveaux objectifs chaque année pour lutter contre le gaspillage. La grande marque italienne Kartell s’est engagée dans ce sens avec son programme « Kartell loves the planet ». Sa chaise Re-Chair conçue par Antonio Citterio recycle des capsules de café usagées. La marque, célèbre pour ses meubles en plastique, a aussi conçu un « polycarbonate 2.0 », produit à partir de cellulose et de papier. Certains designers et décorateurs, comme le belge Lionel Jadot, intègrent des matériaux recyclés dans leurs créations, comme dans son grand projet pour aménager l’hôtel-restaurant Mix de Bruxelles. Il contribue ainsi à une économie circulaire qui réduit l’empreinte carbone de ma décoration d’intérieur. Comme le meuble s’avère également gourmand en matériaux d’emballage – là encore du plastique, du carton, du bois – l’industrie adopte également, de plus ou moins bon cœur, des pratiques nouvelles comme l’optimisation des emballages et la réduction des déchets de production.
Innovation dans les matériaux
Le remplacement des matériaux les plus polluants pose de nouveaux défis à la recherche. Le problème des PFAS et de leur remplacement est devenu brûlant. Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), connues pour leur persistance environnementale au point qu’on les qualifie de « polluants éternels », sont progressivement éliminées des processus de fabrication. Des rapports officiels recommandent de restreindre leur utilisation en raison de leurs effets néfastes sur la santé et l’environnement. Cependant le lobbying des fabricants tend à limiter la réduction de l’usage de ces produits chimiques toxiques. En parallèle, de nouveaux matériaux écologiques sont développés. Des solutions biosourcées, utilisant des matériaux produits à partir de sources renouvelables, sont de plus en plus adoptées. L’industrie explore des alternatives aux produits à base de pétrole pour réduire l’empreinte écologique.
Certifications et labels
Les certifications environnementales et autres labels écologiques jouent un rôle croissant. Les fabricants utilisent de plus en plus de bois certifié FSC ou PEFC, garantissant une gestion durable des forêts. On a vu cependant de vastes fraudes à ces certifications, avec des lots de bois issus de coupes rases obtenant une labellisation par la ruse et la corruption. Néanmoins, les labels comme FSC, PEFC, GREENGUARD et l’Écolabel européen guident les acheteurs vers des choix plus durables. Ces certifications ont pour but de garantir que les meubles sont produits selon des normes élevées de durabilité et de faibles émissions, et ne contribuent pas au réchauffement climatique par la déforestation sauvage.
Production locale et transparence
La meilleure manière d’éviter d’envoyer du CO2 dans l’atmosphère en brûlant du pétrole, est de limiter les transports fortement émetteurs. Pour cela, il faut donc relocaliser la production à proximité des bassins de consommation. À cet égard, l’industrie s’oriente vers des pratiques de production plus responsables, et donc la production locale est encouragée pour réduire l’empreinte carbone du transport. Poussées par la demande de leurs clients, les entreprises sont de plus en plus transparentes sur leurs processus de fabrication et l’origine de leurs matériaux.
Sensibilisation des consommateurs
Les fabricants et les designers s’efforcent d’éduquer les consommateurs, et mettent en avant l’importance de choisir des meubles durables. Ils encouragent les consommateurs à considérer l’impact environnemental de leurs choix en matière de mobilier. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, l’industrie du design et du meuble continue à innover pour répondre aux défis écologiques de plus en plus aigus. La tendance vers une production plus durable et respectueuse de l’environnement semble être une direction à long terme pour le secteur.